La gestation chez la chienne est un processus biologique précis qui nécessite une attention continue pour garantir la santé de la mère et des futurs chiots. Sa durée réelle dépend du repère choisi : en se basant sur l’ovulation, elle s’étend généralement sur 62 à 64 jours, tandis qu’à partir du pic de LH, elle dure environ 65 ± 1 jours. Ces valeurs, reconnues comme les plus fiables, permettent d’anticiper correctement la mise bas. Selon le Dr Alain Fontbonne (ENVA), la reproduction canine doit être considérée comme un véritable acte médical, reposant sur un suivi approprié et rigoureux.
Durée de la gestation
La durée de la gestation canine varie légèrement selon le référentiel utilisé, mais reste relativement constante lorsqu’elle s’appuie sur la datation hormonale. À partir de la saillie, les chiffres sont plus variables, car la fécondation ne se produit pas toujours immédiatement. La taille et la morphologie de la race peuvent également influencer la durée observée, principalement par le biais de la taille des portées. Les petites races ont tendance à présenter des gestations légèrement plus courtes, tandis que les races géantes montrent parfois une gestation plus longue.
Durée de gestation selon les races de chiens
| Catégorie | Races principales | Durée de gestation observée (depuis la saillie) |
|---|---|---|
| Petites races | Chihuahua, Yorkshire Terrier, Teckel, Spitz nain | 58–61 jours |
| Races moyennes | Beagle, Cocker Spaniel, Border Collie | 60–63 jours |
| Grandes races | Berger Allemand, Labrador, Golden Retriever | 63–65 jours |
| Races géantes | Dogue Allemand, Mastiff, Saint-Bernard | 65–68 jours |
| Référence hormonale (toutes races) | — | 62–64 jours après ovulation / 65 ± 1 jours après pic LH |
Taille des portées
La taille des portées dépend étroitement de la race, de l’âge de la chienne et de son état de santé général. Les petites races mettent souvent au monde entre un et quatre chiots, alors que les races moyennes atteignent plutôt quatre à six chiots. Les grandes races donnent naissance à six à dix chiots et certaines portées exceptionnelles atteignent douze à quinze chiots chez des lignées de Labradors ou de Bergers Allemands. En France, selon les données de l’ENVT, une chienne de taille moyenne donne naissance en moyenne à 5 ou 6 chiots par portée. Lorsqu’un suivi hormonal accompagne la saillie, le taux de réussite atteint environ 80 %.
Risques et complications par race
Certaines races de chiens présentent un risque obstétrical (fœtal) plus élevé que d’autres, en raison de leur morphologie, de la taille des chiots ou de la taille de la portée. La connaissance de ces risques permet aux propriétaires et aux vétérinaires d’anticiper les difficultés lors de la mise bas et d’adapter le suivi de la gestation.
Races brachycéphales à mise bas difficile
Exemples : Bouledogue Français, Carlin, Boston Terrier
Chez ces races, la tête large et le crâne massif des chiots peuvent compliquer l’accouchement naturel. La disproportion entre le bassin de la mère et la taille des chiots augmente les risques, nécessitant parfois une césarienne programmée. Un suivi vétérinaire rapproché en fin de gestation est donc fortement recommandé pour éviter les complications maternelles et fœtales.

Races géantes et risque d’inertie utérine
Exemples : Dogue Allemand, Saint-Bernard, Terre-Neuve
Les chiennes de grande taille peuvent avoir des portées nombreuses. Dans certains cas, l’utérus devient fatigué et incapable de se contracter efficacement, entraînant une inertie utérine. Cette complication peut retarder ou bloquer le travail, nécessitant une intervention vétérinaire urgente. La surveillance de la chienne en fin de gestation et la préparation d’un plan d’accouchement sont essentielles.

Source : dogster.com
Petites races et macrosomie fœtale
Exemples : Chihuahua, Yorkshire, Teckel
Chez les races de petite taille, certains chiots peuvent être relativement gros par rapport à la mère. Cette situation, appelée macrosomie fœtale, complique l’expulsion naturelle et augmente le risque de blessures ou de blocage lors de la mise bas. Une évaluation échographique de la taille des chiots peut aider à anticiper le besoin d’une césarienne.

Source de l’image : franklinpetfood.com
Facteurs individuels
Au-delà de la race, l’âge de la chienne, son état de santé, sa condition physique et ses antécédents médicaux peuvent influencer la gestation et l’accouchement. Une chienne âgée ou présentant un surpoids, une maladie chronique ou des antécédents de difficultés à la mise bas peut nécessiter un suivi vétérinaire renforcé. Ces facteurs peuvent modifier la durée du travail, la vitalité des chiots et le risque de complications.

Source de l’image : bullebleue.fr
Signes de la gestation
Les signes observables de gestation apparaissent progressivement, notamment l’augmentation du volume abdominal, le développement des mamelles et des changements comportementaux tels que la recherche de tranquillité ou des variations d’appétit. Pour confirmer la gestation, l’échographie est l’outil de référence dès le 21e jour, devenant pleinement fiable entre le 25e et le 28e jour. Une radiographie après le 50e jour permet de compter précisément les chiots avant la mise bas.
Soins et alimentation
L’environnement de la chienne gestante doit rester calme afin de réduire le stress. Des promenades modérées sont recommandées pour maintenir une bonne condition physique. À partir de la cinquième semaine, son alimentation doit être enrichie, car la croissance fœtale s’accélère. Les croquettes formulées pour la gestation ou l’allaitement, riches en protéines et acides gras essentiels, sont idéales. Une supplémentation en oméga 3 peut soutenir le développement des chiots, tandis que les vitamines et minéraux doivent être administrés uniquement sur conseil vétérinaire pour éviter toute toxicité.
Quelques aliments suggérés
| Catégorie d’aliment | Exemples | Bénéfices pour la chienne gestante |
|---|---|---|
| Protéines animales | Poulet cuit, dinde, bœuf maigre, œufs | Soutiennent la croissance fœtale et le maintien de la masse musculaire |
| Poissons riches en oméga-3 | Saumon cuit, sardines (sans arêtes) | Favorisent le développement du cerveau et des yeux des chiots |
| Légumes | Carottes, courgettes, haricots verts, patates douces | Apport en fibres et vitamines, favorisent la digestion |
| Fruits | Pommes, poires, myrtilles (en petites quantités) | Antioxydants et vitamines, source naturelle de sucre et de fibres |
| Glucides complexes | Riz complet, pâtes complètes, patate douce | Fournissent l’énergie nécessaire à la croissance des chiots |
| Suppléments (si recommandés par le vétérinaire) | Huile de poisson, calcium, vitamines prénatales pour chiens | Équilibre nutritionnel et soutien du squelette et des organes en développement |
Suivi vétérinaire
Des consultations régulières permettent de détecter précocement d’éventuelles complications, telles que la métrite, l’éclampsie ou les infections. Les vétérinaires recommandent un suivi échographique au premier tiers de la gestation et une radiographie au dernier tiers. Toute perte d’appétit prolongée, vomissement sévère ou saignement inhabituel doit motiver une consultation en urgence.

Radiographie de gestation de l’arrière-train d’une chienne gravide. Source : wikipedia.org
Vaccination et vermifugation
Pendant la gestation, il est crucial de protéger la mère et les futurs chiots sans risquer de nuire au développement fœtal. La vaccination de routine n’est pas recommandée car certains vaccins peuvent être toxiques ou provoquer des perturbations hormonales. Une exception existe pour la vaccination contre l’Herpès Virose canine, qui peut être réalisée à des moments précis de la gestation sous contrôle vétérinaire.
En revanche, la vermifugation est possible, mais de manière encadrée : idéalement 3 semaines avant la mise bas et 3 semaines après, afin de protéger à la fois la mère et les chiots contre les parasites intestinaux. Le vétérinaire peut conseiller le choix du vermifuge le plus sûr et adapté pour la gestante.
Mise Bas
La mise bas est la dernière étape de la gestation canine et nécessite un environnement calme, chaud (25–27 °C) et sécurisé. Une caisse de mise bas adaptée à la taille de la chienne, garnie de tissus lavables et équipée d’un tasseau anti-écrasement, offre de bonnes conditions d’accouchement. Les signes annonciateurs incluent baisse d’appétit, agitation, écoulement clair et surtout chute de la température rectale sous 38 °C.
La première phase, marquée par la dilatation du col, peut durer de 4 à 36 heures. Une fois les contractions visibles et la poche fœtale rompue, le premier chiot doit naître dans les 30 minutes, puis les suivants toutes les 30 à 60 minutes, parfois avec des pauses plus longues selon la portée.
Pendant l’accouchement, la mère déchire la poche, coupe le cordon et lèche ses chiots pour stimuler leur respiration. En cas d’inexpérience, il peut être nécessaire d’ouvrir la poche, sécher le chiot et désinfecter le cordon. Les placentas sont généralement expulsés à chaque naissance et souvent consommés par la chienne, ce qui est normal. Une radiographie de fin de mise bas permet de vérifier qu’aucun chiot n’a été retenu. Dans les heures qui suivent, une surveillance attentive est essentielle : fièvre, pertes malodorantes, douleur ou apathie doivent conduire à une consultation vétérinaire, car ils peuvent révéler une infection ou une complication post-partum.
Soins post-accouchement
Après la mise bas, il est essentiel de surveiller attentivement la chienne et sa portée pour prévenir toute complication. La mère doit être observée pour détecter les signes d’infections utérines, de mammites ou de désordres liés au calcium (éclampsie). Elle doit avoir un environnement calme et confortable, avec accès à une alimentation adaptée et à de l’eau en quantité suffisante.
Les chiots, quant à eux, nécessitent une attention particulière dès les premières heures de vie : ils doivent téter dans les deux heures suivant leur naissance afin de recevoir le colostrum, riche en anticorps indispensables à leur immunité. Leur température corporelle doit être maintenue au-dessus de 34 °C, car en dessous, ils ne peuvent pas déglutir et risquent l’étouffement. Si nécessaire, le propriétaire peut aider les chiots à téter, toujours avec précaution.Un suivi quotidien comprenant la pesée des chiots et l’observation de leur comportement permet de s’assurer qu’ils se développent correctement et détecter rapidement toute anomalie. Maintenir les chiots au chaud et surveiller leur colostrum, combiné à la vigilance sur la santé de la mère, garantit un démarrage optimal de la portée et réduit les risques de maladies dans les premiers jours de vie.
Alimentation de la mère pendant la lactation
Après la mise bas, les besoins énergétiques de la mère augmentent fortement :
- La ration quotidienne doit doubler par rapport à la gestation, pour soutenir la production de lait.
- Les croquettes pour chiots, riches en énergie, protéines et nutriments essentiels, conviennent parfaitement pour la mère en lactation.
Proposer des repas fractionnés permet de compenser l’augmentation des besoins sans surcharger l’abdomen.
Aspects éthiques et sociaux de la naissance des chiots
La naissance de chiots soulève également des questions éthiques et sociales importantes. Dans de nombreux pays, y compris industrialisés, il peut être difficile de trouver un foyer pour chaque nouveau-né, ce qui conduit parfois à l’euthanasie ou à l’abandon de chiots. Pour limiter ces situations, plusieurs alternatives existent.
L’adoption via des refuges ou des associations spécialisées permet de donner une seconde chance aux chiots. Des programmes de stérilisation et de contrôle des naissances chez les chiens contribuent également à prévenir les portées non désirées et à réguler la population canine. Enfin, l’éducation des propriétaires et la sensibilisation aux responsabilités liées à l’élevage sont essentielles pour garantir que chaque naissance se déroule dans un cadre sûr et éthique, tout en réduisant le risque de souffrance animale.
FAQ – Gestation chez la chienne
Quelle est la durée “normale” de la gestation chez la chienne ?
La durée dépend du repère choisi :
- Après ovulation : en général 62 à 64 jours.
- Après le pic de LH : environ 65 ± 1 jours.
- Depuis la saillie : c’est plus variable, car la fécondation n’a pas forcément lieu immédiatement.
Pourquoi la date de saillie est-elle un repère moins fiable ?
Parce que l’accouplement et la fécondation ne coïncident pas toujours : l’ovulation peut survenir à un moment différent, ce qui rend les comptages “depuis la saillie” plus fluctuants.
La race influence-t-elle la durée de gestation ?
Oui, une tendance existe : les petites races ont souvent une gestation un peu plus courte, tandis que les races géantes peuvent avoir une gestation plus longue. La morphologie et la taille de portée peuvent jouer un rôle.
Quelles durées de gestation observe-t-on selon les catégories de races ?
- Petites races (Chihuahua, Yorkshire, Teckel, Spitz nain) : 58 à 61 jours depuis la saillie.
- Races moyennes (Beagle, Cocker, Border Collie) : 60 à 63 jours.
- Grandes races (Berger Allemand, Labrador, Golden) : 63 à 65 jours.
- Races géantes (Dogue Allemand, Mastiff, Saint-Bernard) : 65 à 68 jours.
- Référence hormonale (toutes races) : 62 à 64 jours après ovulation ou 65 ± 1 jours après pic de LH.
Combien de chiots une chienne peut-elle avoir ?
La taille de portée dépend surtout de la race, de l’âge et de l’état de santé :
- Petites races : souvent 1 à 4 chiots.
- Races moyennes : souvent 4 à 6 chiots.
- Grandes races : souvent 6 à 10 chiots, parfois davantage.
Une moyenne citée pour une chienne de taille moyenne est autour de 5 à 6 chiots.
Quelles races présentent plus de risques de complications à la mise bas ?
Certaines races ont un risque obstétrical plus élevé, notamment :
- les brachycéphales (ex. Bouledogue Français, Carlin, Boston Terrier),
- les races géantes (ex. Dogue Allemand, Saint-Bernard, Terre-Neuve),
- les petites races (ex. Chihuahua, Yorkshire, Teckel) dans certains cas.
Pourquoi les brachycéphales ont-elles plus souvent une mise bas difficile ?
Chez ces races, la tête des chiots peut être large, avec un risque de disproportion entre le bassin de la mère et la taille des chiots, ce qui peut conduire à une césarienne programmée ou à une intervention en urgence.
Qu’est-ce que l’inertie utérine (et pourquoi les races géantes y sont exposées) ?
L’inertie utérine survient quand l’utérus ne se contracte pas efficacement : le travail peut ralentir ou se bloquer. Les races géantes, parfois avec des portées nombreuses, peuvent y être plus exposées, d’où l’intérêt d’un plan de surveillance en fin de gestation.
Qu’est-ce que la macrosomie fœtale chez les petites races ?
C’est le cas où un ou plusieurs chiots sont relativement gros par rapport à la taille de la mère, augmentant le risque de blocage à l’expulsion. Une échographie peut aider à anticiper un besoin de césarienne selon le contexte.
Quels sont les signes de gestation les plus fréquents ?
Les signes apparaissent progressivement : augmentation du volume abdominal, développement des mamelles, changements de comportement (recherche de tranquillité), et possibles variations d’appétit.
Quand et comment confirmer la gestation ?
- Échographie : possible dès le 21e jour, et pleinement fiable entre le 25e et le 28e jour.
- Radiographie : après le 50e jour, utile notamment pour compter les chiots avant la mise bas.
Quel suivi vétérinaire est recommandé pendant la gestation ?
Des consultations régulières permettent de détecter tôt des complications (ex. infections, éclampsie). Un schéma cité : échographie au premier tiers de gestation, puis radiographie au dernier tiers. Toute perte d’appétit prolongée, vomissements sévères ou saignements inhabituels justifie une consultation en urgence.
Comment adapter l’environnement, l’exercice et l’alimentation pendant la gestation ?
- Environnement : le plus calme possible pour limiter le stress.
- Exercice : promenades modérées pour conserver une bonne condition physique.
- Alimentation : à partir d’environ la 5e semaine, enrichir la ration car la croissance fœtale s’accélère. Les aliments formulés pour gestation/allaitement sont souvent adaptés.
Faut-il donner des compléments (oméga-3, vitamines, minéraux) ?
Une supplémentation en oméga-3 peut soutenir le développement des chiots. En revanche, les vitamines et minéraux ne doivent être ajoutés que sur conseil vétérinaire, pour éviter les excès et la toxicité.
Vaccination et vermifugation : que faire pendant la gestation ?
- Vaccination de routine : généralement non recommandée pendant la gestation.
- Exception : la vaccination contre l’herpès virose canine peut être réalisée à des moments précis, sous contrôle vétérinaire.
- Vermifugation : possible mais encadrée, avec une recommandation citée de 3 semaines avant la mise bas et 3 semaines après.
Comment préparer la mise bas (caisse, température, signes annonciateurs) ?
- Prévoir un endroit calme, chaud et sécurisé, autour de 25 à 27 °C.
- Utiliser une caisse de mise bas adaptée, avec tissus lavables et un dispositif anti-écrasement.
- Signes possibles : baisse d’appétit, agitation, écoulement clair, et surtout température rectale qui descend sous 38 °C.
Combien de temps dure la mise bas et quand faut-il s’inquiéter ?
La phase de dilatation peut durer 4 à 36 heures. Une fois les contractions visibles et la poche rompue, le premier chiot est attendu dans les 30 minutes, puis les suivants toutes les 30 à 60 minutes (avec parfois des pauses plus longues selon la portée). Fièvre, pertes malodorantes, douleur marquée ou apathie après la mise bas doivent conduire à une consultation.
Que faire juste après la naissance (mère et chiots) ?
- Mère : surveiller signes d’infection utérine, mammites, troubles liés au calcium (éclampsie). Eau disponible et alimentation adaptée.
- Chiots : ils doivent téter dans les 2 heures pour recevoir le colostrum.
- Température : maintenir les chiots au-dessus de 34 °C (en dessous, ils peuvent avoir des difficultés à déglutir).
- Suivi : pesée quotidienne et observation pour vérifier qu’ils se développent correctement.
Comment nourrir la mère pendant la lactation ?
Les besoins énergétiques augmentent fortement : la ration peut doubler par rapport à la gestation. Les croquettes pour chiots (énergétiques et riches en nutriments) conviennent souvent. Fractionner les repas aide à répondre aux besoins sans “tasser” l’abdomen.
Quelles questions éthiques se poser avant de laisser naître une portée ?
Avant une portée, il est important d’anticiper le placement responsable de chaque chiot. Des alternatives existent pour limiter les portées non désirées, comme l’adoption via refuges/associations, les programmes de stérilisation et la sensibilisation des propriétaires aux responsabilités liées à l’élevage.



